Le monde appartient à ceux qui rêvent trop ✞ C'est pour cela que je suis le roi ici.
« Bonjour. Ta journée c'est bien passée Kyouran ? »Kyouran ? Non, moi c'est Ryūsuke. Ça ne se voit pas ? Menteuse.❝ Une photo jetée dans les flammes du passé ❞
Vous voyez cette photo de classe ? C'était lorsque que je n'étais quand primaire. Moi je suis là, oui. La petite bouille fracassée, au coin de la photo. Regardez-moi ça, j'ai même failli ne pas y être. En même temps regardez-moi ! J'étais déjà une petite terreur lorsque j'étais gosse, le petit chef de toute une classe. Ça gère, hein ? Et lorsque j'ai changé d'école, j'ai trouvé plus fort que moi. Et ouais, nous n'étions que des petits gars, mais notre rang était déjà classé en fonction de la taille de nos bijoux de famille. Fallait l'avouer, je n'étais pas placé haut dans la hiérarchie. Enfin. Comme tout enfant de mon âge, j'étais amoureux de la plus jolie de la classe. C'est elle, la plus jolie de la fille que j'ai connue lorsque j'étais enfant. De longs cheveux séparés en deux couettes, ils avaient l'air si doux, si soyeux. Elle avait de beau yeux charbons enjoués et un sourire resplendissant. Elle avait l'air si gentille et timide aussi. Aussi loin que je m'en souvienne, elle disait vouloir être politicienne, pour changer le monde et le rendre bon. Rêve d'une enfant bien naïve et innocente. Mais pour moi, il était normal qu'elle soit mon amoureuse, mais comment vous dire qu'elle n'était pas du genre à apprécier les personnes comme moi ? Mes techniques d'approches n'étaient sans doute pas bonnes .. Pourtant j'étais sûr d'avoir tout fais pour lui faire comprendre qu'elle m'intéressait, je lui tirais doucement les cheveux lorsque j'étais derrière elle, je lui soulevais la jupe, je lui disais qu'elle n'était pas forcement belle. Je me suis même battue pour elle, jusqu'à me prendre une bonne pêche dans le nez, elle n'a même pas voulu me faire un bisou. J'vous jure, les filles !
Enfant, je devais supporter les engueulades de mes parents. Ils ne prenaient plus la peine de m'envoyer dans ma chambre, non je n'existais pas pour eux, je n'étais rien, seulement un boulet, une bouche en trop. C'est sans doute pour cela que je me battais, pour que ma maman soigne mes blessures et que mon papa me gronde. Juste un peu d'attention, juste ça. Mais maman avait d'autre blessure à soigner, et ce n'était pas les miennes. Je croyais avais déjà tout compris à la vie, que la violence menait à ses fins, alors lorsqu'on grandit avec ça dans la tête le chemin prend une tournure différente et on comprend que dans la vie, il y aura toujours plus fort que nous. Et c'est ce que j'ai appris jusqu'à aujourd'hui. Les personnes comme moi ne devrait pas sortir de chez elle et s'enfermer dans un placard, car dehors, livré à elle-même dès la première seconde, elles crèveront. J'avais reçu une belle leçon ce jour-là, et aujourd'hui, je vous la retourne : Moi j'suis libre, toi mec, t'es derrière les barreaux. Haha. J'en ai bavé et pourtant c'est cela qui à forger mon caractère. En fin de cycle, tu es le plus grand et pour ma part, le plus fort, mais tu oublies vite que tu rentres dans une plus grande idée, avec de plus grand et de plus fort que toi. Oui c'est ça, j'étais devenu le souffre douleur, celui que l'on piétinait pour se sentir plus fort, celui que l'on persécutait. Parce qu'il doit toujours y avoir un persécuté et l'heureux élu doit se prendre pour un petit prince, pour un petit dealer. Comme ça, quand il tombe à terre, la claque derrière les oreilles sera encore plus grande. C'est sûr que je m'en suis pris des coups dans la fierté, et puis un jour, j'ai finis par baisser les yeux. Ils riaient et en profitaient alors que d'autre regardaient et partaient. Pas un seul ne m'ignorait, mais pas un seul ne m'aidait.
❝ Tel un puzzle aux pièces portée disparues ❞
Kyouran, c'est mon grand-frère. Grand-frère de quelques années. Il était brillant, que cela soit à la maison, auprès des filles ou même à l'école. Alors que moi je devais m'arracher les cheveux pour arriver à un tel résultat, lui il n'avait qu'à claquer des doigts et les bonnes notes apparaissaient sur son bulletin. Il fréquentait des écoles prestigieuses. Même sa classe primaire était supérieur à la mienne. Je pense que c'était mieux ainsi. Comme ça, il n'avait rien à payer pour être mon frère. A la maison, il n'y en avait que pour lui. Kyou par là. Kyou par-ici. Ça me mettait en rogne. J'aurais voulu crier, m'imposer. Mais à chaque fois que j'entrouvrais les lèvres, je les refermais directement après. Quel lâche. Aussitôt je trouvais les mots, aussitôt je les oubliais. De toute évidence, on se fichait de mon avis, de ce que je pouvais bien faire de mes journées ou si je voulais encore manger. Sans doute parce que j'étais un enfant alors mon avis n'étais pas si important que ça et que si je voulais le dire je le dirais, parce que si j'avais faim je n'avais qu'à ouvrir le frigo de mes propres mains. J'étais comme ça, de retour chez moi, j'étais devenu muet, impassible, et sans appétit. Et pourtant, le soir venu, je mangeais tout ce que je trouvais. Vous savez, pleurer ça ne me fatiguait pas plus que je ne l'étais, mais ça m'ouvrais l'appétit. J'avais un appétit d'ogre, je mangeais jusqu'à ce que mon coussin soit un peu plus sec lorsque je revenais, alors je le retournais et me mettais à pleurer de nouveau.
Mon père n'était là et puis un jour, il a finit par ne plus être là. Je ne pourrais pas vraiment vous en parler, que cela soit avant ou après ma naissance, ce n'était qu'un homme. Pour être honnête, je ne savais même pas s'il était réellement mon père. Tout ce que je savais de ma mère était qu'elle fréquentais beaucoup d'hommes, je crois qu'elle cherchais quelqu'un, quelqu'un qui pourrait l'aimer et s'occuper de ses fils, mais sans succès. Même si la plupart du temps ça n'allait pas plus loin qu'un rendez-vous, ça ma répugnait. Elle vendait son sourire comme si elle vendait son corps, telle une prostituée. Mais ça, ce n'était que l'avis d'un enfant insouciant.
❝ Un nouveau départ au fond du gouffre ❞
Le collège, c'était affreux. L'une des pires périodes de toutes ma misérable existence. Tout avait empiré, c'était le véritable enfer sur terre. Oui l'enfer sur terre. Ça l'était à mes yeux. Il n'y avait pas que les insultes d'enfants, il y avait la violence physique, la véritable intimidation, le racket. Et puis un jour, je suis partie pendant la pause de midi et je ne suis rentré qu'au petit matin, alors que le soleil montrait ses premiers rayons à la ville endormie. Ce fut le jour où le vase déborda.
Le matin-même j'avais eu cours de sport. J'avais pris l'habitude de me changer dans les toilettes, mais je n'aurais pas dû laisser mon sac par terre, j'aurai dû le mettre sur la cuvette, pas au sol. Quel imbécile. Ils ont réussi à le chopper alors que j'étais presque nu. J'avais froid, terriblement froid, et j'étais resté ainsi durant, ce qui semblait pour moi, une éternité, jusqu'à ce que je n'entende plus leurs rires insupportables. Je suis sortie avec prudence et j'avais retrouvé mes affaires, devinez où ? Dans une cuvette. Oui, trempant dans l'eau des chiottes. Quand je m'étais approché pour mieux voir, j'avais eu un haut le cœur et j'ai bien cru que j'allais dégurgité tout ce que j'avais pu manger le matin-même, mais rien ne sortit. Je ne savais plus ce que je devais faire alors j'ai voulu voir si tout le monde était parti, mais la porte était close. Je m'étais écroulé tout contre la porte, et je suis resté immobile. Je m'étais efforcé de laver au robinet et de sécher ce que j'ai pu récupérer. Je suis sorti une fois qu'une femme de ménage passait par là, avec pour seule excuse : Je me suis endormie. La honte, c'était humiliant. Mais je ne pouvais pas trouver mieux. Leur dire ? Que pouvait-elle bien faire cette vieille dame hein ? Si je leurs disais ce que je vivais chaque jour, ils allaient se venger. Et j'avais peur que cela arrive. J'avais peur.
Pour la pause de déjeuner, j'étais allé me réfugier sur le toit avec ce que j'avais pu acheter à la cafétéria. Je m'étais assis face aux barrières qui me séparaient du vide. Je me figeais quand j'entendis la porte se fermer, alors que je m’apprêtais à manger. Et se fut la goutte qui fit déborder le vase.
J'avais couru, aussi loin que mes jambes pouvaient porter ce corps devenu hideux, jusqu'à un garage qui semblait peu utilisé. J'ai fait la connaissance d'hommes tatoués et pas nets. Et pour une fois, j'ai su trouver les mots, je les aie suppliés, supplié ne pas me faire de mal, mais de faire de mois un homme fort. J'étais misérable. Un vrai insecte qui ne demandait qu'avoir la taille d'un éléphant. Je faisais pitié. Oui, pitié. Et vous savez quoi ? Ils m'ont roué de coups, frappé avec des barres de faire, piétiné le bout des doigts avant de m'attraper par les cheveux et de me faire relever la tête. Ils allaient m'aider à deux conditions : Que je me taise et que je fasse ce qu'ils me disaient de faire. J'ai accepté sans hésiter. Ils se moquaient de moi mais ils ont tenus leurs promesses. Au début, je ne connaissais que le visage et le nom de deux-trois membres de ce groupe, ils m'observaient chaque jour et testais ma .. fidélité en quelque sorte. J'étais leurs petits chiens. Et par miracle, à l'école, je n'avais plus peur, parce qu'ils savaient que quelque chose avait changé et que ces personnes n'étaient pas de ma famille ou quelque chose dans ce genre. Alors ils m'ont laissé tranquille, et tous ceux qui continuaient, je leur en ai fait passer l'envie. Quelque de louche, voilà ce que j'étais devenue. Et vous savez quoi ? J'ai même réussi à redoubler une année. ~
❝ Et puis l'homme découvrit le paradis : La salle de musique ❞
Si j'aurais su qu'une simple pluie pouvait tout changer, j'aurais prié Dieu pour qu'il la fasse tomber. Oui, il a seulement fallu que la pluie se déverse sur mon village et que j'aille me réfugier dans une petite pièce sombre qui semblait mener à plus grand qu'elle. Mais je suis restée, assis là, la porte ouverte et j'ai regardé les gouttes s'écraser sur le sol. Je me suis identifié à cette pluie qui retombait avec fracas sur le goudron. Et je me suis mis à penser, à penser à tout ça, à ce que je devenais et à réfléchir de l'énormité que je faisais. Je me ruinais, je me détruisais et je le faisais avec plaisir. Puis un vent froid ma prit à la gorge alors je suis entièrement rentré dans la salle qui m'était inconnu et j'ai refermé la porte derrière moi. J'ai marché à l'aveugle, puis j'ai posé ma main sur ce qui me semblait être un interrupteur. J'ai pris les escaliers qui descendaient au lieu de la porte qui me conduisait autre part sur le même étage. Je découvris une grande salle qui se trouvait être en réalité un studio. Un studio d'entrainement. Je me suis permis d'allumer l'ordinateur et la musique et j'ai soudainement eu envie de bouger. Comme un gosse, je me suis posé face au miroir et je me suis mis à danser, pendant des heures j'ai recopié des chorégraphies et j'ai laissé ma voix se mêler à la musique. Lorsque je suis ressortis d'ici je n'avais plus qu'une idée en tête, danser et cela pour mon plaisir.
❝ Je n'ai pas dis au revoir à la drogue, j'ai dis bonjour à la chance. ❞
Depuis, je n'ai pas vraiment changé, je suis peut-être plus lâche que bagarreur mais je continue de vivre la nuit, sous les tunnels dans les gars pour aller chercher quelques trucs pour me détendre, pour me faire penser à d'autre chose. La journée, si je ne suis pas en cours ou chez moi, je danse avec un groupe de jeune que j'ai appris à connaitre. J'ai arrêté les grosses conneries et j'ai réellement cherché un travail qui me plairait. Attendez, j'ai même fait des stages et c'est moi qui fait la bouffe à la maison, j'ai même décroché une conversation avec ma mère ! En même temps, nous ne sommes plus que deux à la maison, bien que nos rapports sont plus ou moins les mêmes, je n'ai plus l'impression d'être un fantôme, je suis juste son fils. Juste ça. Puis .. Vous savez, l'année prochaine je serais majeure et je crois que je sais ce que je ferais de ma vie .. Je voudrais être mécanicien.
Shin Yuka ? Ça n'a rien avoir avec lui, du tout ! Si je vous assure ! Mais non je rougis pas ! Il est sans doute un peu comme moi, je ne sais pas ..
Aish .. ça me fait mal au cœur.